Seul le travail permet de réussir ses études. Fuyez donc tous les sites qui vous promettent d’y parvenir en fournissant le minimum d’efforts ; ce sont des mensonges : seul le travail paye.
Il ne faut cependant pas travailler 24 heures sur 24… Comment travailler efficacement en droit ? Comment organiser son temps entre les cours magistraux (CM), les travaux dirigés (TDs), et votre vie personnelle ? Il n’y a pas une méthode, mais des méthodes. Voici celle de Mon prof de droit. Elle vous permettra de travailler de manière efficace et productive.
Cet article est tiré du Meilleur guide pour démarrer ses études de droit, téléchargeable gratuitement ici.
Étape 1 : ASSISTER AUX COURS MAGISTRAUX
Les cours magistraux (CM) constituent votre base de travail. Il convient donc non seulement d’y assister, mais aussi d’écouter attentivement afin de prendre des notes efficacement. Afin que votre prise de notes soit efficace, il est conseillé :
- d’utiliser un maximum d’abréviations ;
- de ne pas prendre en note les articles ou les arrêts cités par votre professeur. Il suffit seulement de noter les références pour les retrouver facilement APRÈS le cours) ;
Retenez surtout les éléments suivants :
- les raisonnements empruntés par votre enseignant (à commencer par le plan du cours) ;
- les définitions ;
- les principes ;
- les tempéraments ;
- les exceptions et autres exceptions d’exception ;
- les jurisprudences (références, problème(s) juridique(s), solution et intérêt de l’arrêt).
Certains enseignants rédigent des manuels dans lesquels il est possible de retrouver le cours dispensé en amphithéâtre. Si tel est le cas et que vous en avez les moyens, faites l’acquisition du livre de votre enseignant. Lisez le avant d’arriver en cours ; vous serez ainsi concentré sur le contenu du cours et non sur la prise de notes. Votre cerveau sera ainsi plus disponible pour COMPRENDRE. Ce qui constitue une parfaite transition avec l’étape 2…
Étape 2 : COMPRENDRE LES COURS MAGISTRAUX
L’étudiant en droit passant son temps à apprendre par cœur fait partie des préjugés les plus tenaces. Plusieurs éléments permettent de détruire ce préjugé :
– il est humainement impossible de retenir « tout le droit » ;
– il serait inutile de former les professionnels du droit car il suffirait de les remplacer par des robots ;
– dans la pratique, les professionnels du droit ont accès à toutes les informations. Il est donc inutile de les apprendre par cœur ;
– le but des études de droit est précisément d’apprendre à raisonner et à trouver des informations dans l’océan légal qui nous entoure chaque jour un peu plus.
En somme, les études de droit n’ont pas pour objectif de former des étudiants dont la tête est bien remplie, mais des étudiants dont la tête est bien faite. La différence est considérable. Comme dans toutes les disciplines, il est néanmoins nécessaire de recourir à l’apprentissage, mais pas plus qu’ailleurs.
Ces précisions étant faites, il faut maintenant évoquer le maitre-mot des études de droit : COMPRENDRE. Avant d’apprendre, il faut comprendre. C’est la condition sine qua non pour réussir ses études.
Une fois votre CM pris en note, prenez connaissance du plan. Lisez le cours à tête reposée autant de fois que nécessaire, jusqu’à en comprendre les grandes lignes. Ne vous focalisez pas sur les détails. Vous devez juste comprendre le fil conducteur.
Une fois ce travail effectué, isolez le plan, comprenez-le. Si votre professeur a choisi ce plan, c’est parce qu’il a une logique, une intelligence que vous devez saisir. Une fois que vous l’avez compris, et à ce moment là seulement, vous pouvez l’apprendre.
Étape 3 : FICHER SON COURS MAGISTRAL
Vous avez donc sur votre ordinateur une fiche contenant le plan de votre cours magistral. Faites une copie de votre fichier où se trouve votre plan et ouvrez un nouveau document en y collant le plan. Il s’agit maintenant d’intégrer au plan les données essentielles du cours.
Par exemple :
– commencez par un travail de définition, c’est fondamental en droit. Pour les définitions comme pour le reste de votre fiche, commencez toujours par ce que dit la loi (au sens large du terme), puis continuez avec la jurisprudence, et terminez avec la doctrine. Cet ordre est celui de la hiérarchie des normes, pensez à le respecter ; (précision : s’il n’y a pas de définition légale, écrivez-le. Il faut absolument le mentionner, et préciser le cas échéant si la jurisprudence ou à défaut la doctrine en ont donné une) ;
– faites ressortir les grands principes, suivis des tempéraments, puis seulement les exceptions et les exceptions d’exceptions s’il y en a. S’il y a plusieurs tempéraments ou plusieurs exceptions, numérotez-les (tempérament 1, tempérament 2, exception 1, etc.). Cela facilite la structuration de votre travail ;
– pensez à mentionner des exemples concrets afin de faciliter la compréhension de la notion ;
– présentez le plus clairement possible les conditions s’il y a lieu ;
– même chose pour les effets et l’ensemble des règles applicables à une situation donnée ;
– surtout évitez d’isoler la jurisprudence dans une partie de votre fiche : précisez au fur et à mesure, à chaque fois que nécessaire, la (ou les) jurisprudence(s) en rapport avec votre développement. Si par exemple l’une des conditions énoncées a posé problème en jurisprudence, alors mentionnez-le tout de suite après avoir exposé ladite condition ;
– pensez à bien mettre en avant le droit positif (c’est-à-dire le droit en vigueur) plutôt que le droit antérieur ; et le cas échéant, mentionnez et analysez le droit prospectif (projet de réforme) ;
– attention, ne faites pas confiance à votre mémoire et dites-vous bien que cette fiche est vouée à durer dans le temps, à évoluer. Elle vous servira non seulement pour le partiel mais également plus tard (par exemple pour l’examen du barreau qui reprend le programme des 4 premières années de droit, voire dans votre vie professionnelle). Ainsi, ce qui vous paraît évident au moment de la conception de la fiche ne le sera plus forcément dans 2 semaines, au moment des examens, ou 3 ans après ;
– prenez l’habitude de tout FONDER c’est-à-dire de tout justifier en citant vos sources (loi, jurisprudence, auteur, etc.) : après l’orthographe, le défaut de fondement dans une copie est la 2ème faute la plus relevée dans les copies. Pensez donc à bien tout fonder. Cela signifie que lorsque vous énoncez un argument, une règle, une idée, etc., vous devez préciser sa source ;
– insérez des schémas pour faciliter la compréhension de certaines notions.
Étape 4 : ENRICHIR LE COURS MAGISTRAL
En première année cette étape n’est pas encore obligatoire, mais elle est recommandée pour ceux qui souhaitent prendre de bonnes habitudes et enrichir leur esprit juridique.
Cet enrichissement nécessite de votre part de faire quelques recherches afin de trouver les notes de doctrine (voir infra pour savoir comment les trouver). Pour faciliter les choses, partons du principe qu’il existe des notes de doctrine généralistes et des notes plus spécialisées :
– le 1er enrichissement est apporté par les notes de la doctrine, dites « générales » (ex : la définition des biens). Votre travail est simple : chercher 3, 4 voire 5 notes et en tirer les idées essentielles pour venir les ajouter à votre fiche. Les notes de doctrine étant généralement bien écrites, il vous sera aisé de distinguer la thèse de l’auteur, et les arguments avancés pour la défendre. Ce sont des arguments dont l’utilité vous sera double : forger votre propre opinion et réutiliser ces arguments lors de n’importe quel exercice en droit. C’est un vrai « plus » qui vous permettra de vous distinguer des autres étudiants.
– le 2nd enrichissement vient des notes sur les questions plus particulières. Vous allez rapidement comprendre que certains sujets divisent la doctrine en droit, entre deux écoles le plus souvent. Le mieux est de reprendre les arguments de chacune des écoles et de les reporter sur votre fiche, sous forme de tableau par exemple avec les « pour » en vert, et les « contre » en rouge.
Astuce : pour trouver ces notes de doctrine, vous disposez de différents moyens :
– le professeur d’amphi peut vous donner des références de notes à consulter ou les indiquer dans les fascicules de TD qui vous sont distribués ; pensez donc à les consulter minutieusement ;
– des références sont également indiquées dans le Code civil (édition DALLOZ par exemple) : cherchez la notion qui vous intéresse dans l’index du code (par exemple la loi) puis regardez en dessous de l’article les références données dans la bibliographie générale ou encore sous les subdivisions du code (par exemple sous tel « titre », ou sous tel « chapitre », avant même les articles ;
– quant aux références des notes de doctrine plus « spécialisées », il faudra consulter directement les notes sous l’article (ou les articles) concerné(s) ;
– les manuels (les précis et traités notamment), concentrent également des références : pour les notes généralistes, reportez-vous aux notes de bas de page des chapitres introductifs et autres paragraphes préliminaires. Pour les notes plus spécifiques, il faut se référer aux notes de bas de page des paragraphes qui traitent du sujet.
Étape 5 : PRÉPARER SON TD
Ce n’est qu’une fois ce travail réalisé que vous pouvez commencer à travailler votre fiche de TD. Ne soyez pas l’étudiant qui se rue sur sa fiche de TD, prend le travail à faire sans avoir réalisé le travail des étapes précédentes, et qui fatalement, ne comprendra rien. Ne vous ruez pas non plus sur les notes sous les arrêts si vous avez un arrêt à commenter. La raison est simple : en faisant cela, vous ne vous entrainez à rien si ce n’est à la paresse. Confrontez-vous au travail à faire, seul (mais accompagné de vos connaissances) et n’utilisez les notes des auteurs que pour compléter et enrichir votre travail. Souvenez-vous que le jour de l’examen, vous n’aurez pas accès aux différentes notes de jurisprudence…
Étape 6 : FAIRE LE TRAVAIL DEMANDÉ EN TD
C’est probablement l’étape la plus difficile dans la mesure où vous allez devoir produire un travail issu de votre réflexion. Pensez à bien respecter les règles de forme dispensées par votre chargé d’enseignement. Prenez du temps pour réaliser l’exercice demandé, surtout dans les premiers mois. Faites des recherches, réfléchissez, efforcez-vous de vous mettre dans les conditions de l’examen (en écrivant au stylo et non à l’ordinateur ; vous vous rendrez ainsi compte du temps dont vous avez besoin pour réfléchir, écrire et vous relire).
Essayez autant que faire se peut de noter toutes les questions auxquelles vous ne trouvez pas de réponse, afin de les poser en TD. N’ayez pas honte de poser des questions, bien au contraire : la curiosité est preuve d’intelligence.
Enfin, soignez votre travail, afin de faciliter la correction à votre enseignant dont le travail ne se limite pas à votre seule copie…
Étape 7 : ENRICHIR SON COURS AVEC LE TD
Pendant la séance de TD, posez les questions pour lesquelles vous n’avez pas trouvé de réponse satisfaisante au cours des 6 étapes précédentes.
Notez scrupuleusement les informations délivrées par votre enseignant, puis gardez-en la substance afin de compléter votre fiche de cours. Par exemple, retenez l’essentiel des différents documents présents dans votre fiche de TD pour les ajouter à votre fiche de CM.
Conseils supplémentaires :
- pour chaque thème du cours, faites une fiche ne contenant que les définitions, évoquées pendant le CM et le TD. C’est PRIMORDIAL ;
- de la même manière, faites une fiche ne contenant que la jurisprudence, sous forme de frise chronologique. Cela vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur l’évolution jurisprudentielle d’un thème en particulier et donc de vous repérer plus facilement lorsque vous aurez un arrêt à commenter par exemple ;
- efforcez-vous de faire vos fiches avec les codes ; vous prendrez ainsi l’habitude de les utiliser, de trouver les informations rapidement, ce qui est une arme redoutable pendant un examen. Si votre professeur ne l’interdit pas pendant l’examen, vous pouvez même mettre quelques « post-it » chaque fois que cela vous paraît pertinent ;
- faites vos fiches sur un traitement de texte et non de manière manuscrite : le droit n’est pas inscrit dans le marbre ; il est constamment soumis à des changements. À l’instar du droit, vos fiches doivent donc pouvoir être modifiées facilement. En outre, à force de travailler vos fiches, vous vous rendrez compte que certaines modifications doivent être apportées (oubli, incomplétude, erreur, nouvel arrêt important, réforme législative, etc.). Une fiche manuscrite n’offrant pas tant de souplesse, elle doit être bannie de vos habitudes, sauf si vous n’avez absolument pas d’autre choix ;
- ne perdez pas de vue que ces fiches vous seront utiles dans les années à venir : il faut donc les enregistrer à deux endroits différents et sur des supports durables ;
- dans la mesure du possible, choisissez un « code couleur universel » pour les différentes rubriques de toutes vos fiches. Votre cerveau sera ainsi capable de se repérer et donc travailler plus rapidement. Par exemple, mettez en vert la jurisprudence, en orange les définitions, en rouge les points fondamentaux, en violet les considérations doctrinales, en jaune or les références aux textes, en gris les exemples, etc.
- le même conseil peut être suivi s’agissant du plan du cours : utilisez toujours la même couleur pour chaque subdivision et jouez avec la t y p oGraphiE.